RDV Numérique : faites vos premiers pas dans le métaverse

Le métaverse (du grec méta/au-delà + univers), c’est l’internet augmenté. L’internet enrichi d’expériences virtuelles via des gants et casques connectés. Imaginez voir : vous chaussez vos lunettes connectées (le clavier et le smartphone, c’est «so 2020ies!») et hop : vous entrez dans une autre dimension, un univers virtuel où vous pouvez visiter musées, magasins et paysages du monde entier sans bouger de votre canapé.

«Le métaverse nous donne le pouvoir de créer et de vivre nos rêves, sans limite», explique Sébastien Meunier, expert du digital. «Si vous êtes journaliste ou communicant, vous devez absolument vous intéresser à cet univers, et au minimum savoir qu’il existe et le visiter une fois», affirment Sébastien Meunier (1) et Isabelle Barnel (2). Ces deux experts du numérique ont co-animé le 7 juin 2022 au Club un atelier découverte sur le métaverse, pour lever le voile sur les possibilités qu’il offre aujourd'hui et nous promet pour demain.

Pour écouter le podcast (rediffusion), cliquez ici.

Un conseil : ne vous laissez pas rebuter par les termes techniques (NFT, VR, IRL, Blockchain, cryptomonnaies...). Prenez de la hauteur et découvrez ce nouvel espace de jeu et de créativité, idéal pour journalistes et communicants. Lisez la suite ci-dessous !

Le journal 20 minutes s’est déjà lancé !

Printemps 2022 : le quotidien national gratuit «20 minutes» lance le premier magazine gratuit pour le grand public entièrement consacré aux évolutions technologiques du web 3.0 liées à la blockchain, baptisé 20 Mint. Pour financer et piloter cet e-zine, la rédaction a mis en place et vendu pas moins de 999 «machines à écrire virtuelles» sur le métaverse pour que n’importe quel (jeune) lecteur puisse participer à la vie du média.

Ces machines à écrire sont ce qu’on appelle des NFT (4) : des objets virtuels uniques et inviolables, créés grâce à une blokchain (une chaîne virtuelle qui permet d’en garantir l’authenticité et la propriété), que vous pouvez acheter dans le métaverse grâce à une cryptomonnaie. En l’occurence, l’Ethereum.

Avec ces machines, les utilisateurs ont désormais accès à la rédaction et aux coulisses de 20mint. Ils peuvent donner leur avis lors de sondages, interagir en direct, proposer des sujets. L’objectif du journal est stratégique : capter une nouvelle audience, jeune, qui ne connaît même pas la version papier. C’est aussi donner une chance à tout le monde de goûter au travail de journaliste, et tenter de regagner la confiance du public.

«Nous croyons que nous serons tous, dans nos vies personnelles et professionnelles, touchés par les innovations associées aux technologies du web 3. Que des pans entiers du droit devront s’adapter à ces bouleversements. Que chacun doit pouvoir exprimer son point de vue sur la question et qu’il n’y a qu’une seule manière de faire naître ce débat public : en donnant à nos concitoyens suffisamment d’informations pour qu’ils se fassent leur opinion», explique la rédaction. A suivre...

Autre exemple : France Télévisions a testé un espace immersif pour son émission Stade2 sur VRChat, une plateforme facilement accessible pour faire ses premiers pas dans le métaverse. Et Fun Radio vend depuis peu des NFT permettant de donner un «accès à vie» à des concerts IRL.

Les communicants et les marques aussi

Depuis quelques mois, les marques sont nombreuses à entrer dans le métaverse, qu’elles voient comme un marché potentiel, un nouveau canal de vente. Exemple : le géant français Carrefour a récemment investi la plateforme The Sandbox : la marque y a acheté une parcelle de terrain virtuelle de 36 hectares qui représente l’équivalent de 30 supermarchés. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Selon Le Figaro, Carrefour a déboursé 120 Ethereum, soit environ 300 KE. Le buzz média généré par Carrefour dans le monde entier couvre largement ce que ça leur a coûté, estime Sébastien, qui encourage journalistes et communicants à prendre pied sur le métaverse pour ne pas manquer ce virage-là. Au-delà de cet impact publicitaire, Sébastien explique que Carrefour testera là un système de traçabilité de ses produits, pour apporter des infos encore plus transparentes à ses clients.

Autre exemple : Décathlon. Fraîchement arrivée sur le métaverse, la marque y vend des chaussures customisées et en série limitée. Chaque paire est associée à un NFT qui donne au client accès à des expériences immersives plus tard, pour prolonger (et, demain, approfondir) la relation-client. Décathlon voit là un réel moyen d’élargir sa clientèle, de tester de nouveaux usages, pour ne pas être à la traîne demain, si ce marché prometteur décolle.

Le secteur auto s’y met aussi : ACURA, branche haut de gamme de Honda, a organisé le premier showroom virtuel pour exposer ses véhicules. Et l’industrie de la mode n’est pas en reste : en mars, une FashionWeek a été organisée sur la plateforme Decentraland (qui a créé sa propre cryptomonnaie).

De l’IRL à la VR... et vice-versa !

«C’est la première fois dans l’humanité qu’une technologie nous donne le pouvoir de Dieu. Vous avez un rêve : vous pouvez le concrétiser dans le métaverse», assure Sébastien Meunier . «Le métaverse est un environnement virtuel, immersif, social, persistant (il est ouvert en permanence) et décentralisé (il est géré par de multiples serveurs) : c’est le futur de l’Internet (3) où vous pouvez créer votre avatar de plus en plus réaliste ». En jargon technique, on parle d'internet 3.0

Ce qui attire les acheteurs sur le métaverse? La rareté et l’originalité des produits proposés dans ce monde parallèle. Les marques l’ont bien compris. Et on frise parfois le comique : ainsi, des NFT de type «zombies zebras» et «zombie apes» (images de zèbres et singes avec une peu ragoutante allure de zombie) sont proposés à prix d’or (plusieurs milliers d’euros parfois) sur des plateformes d’enchères... et partent comme des petits pains.

Les acheteurs sont souvent des CSP jeunes et aisées, fans inconditionnels de tel ou telle marque ou artiste, et qui adorent s’afficher avec leurs produits/créations en paradant dans le métaverse... ou dans notre bon vieil univers réel. Certains NFT donnent en effet droit à des rencontres exclusives IRL (in real life, c’est-à-dire: en vrai) avec les artistes et stars qui leur ont vendus en VR (réalité virtuelle). Elles servent ainsi de «cartes de membre» pour des clubs réservés aux autres détenteurs de NFT, que certains voient déjà comme la nouvelle élite du Net, les nouveaux "happy few".

Jean-Michel Jarre s’y est mis !

Actuellement, le métaverse est en fait une galaxie de plateformes séparées avec chacune sa spécialité. Pour organiser (ou assister à) des concerts en réalité virtuelle augmentée et super-immersive, allez sur la plateforme Stageverse (le groupe Muse l’a déjà fait, avec une prestation filmée en vidéo 360°). Le chanteur Travis Scott a, lui, choisi la plateforme métaverse Fortnite. Quant à notre bon vieux Jean-Michel Jarre national, il a donné un concert hybride IRL/VR sur VR Chat, qui a permis aux jeunes de découvrir cet artiste complètement inconnu des générations actuelles. Résultat? Une expérience client complètement immersive : l’internaute voit parfaitement l’artiste, peut se balader où il veut pendant le concert (même monter sur scène), entendre un son de très bonne qualité, et le chanteur peut lui aussi interagir avec le spectateur, jusqu’à lui donner (virtuellement) la main, par exemple.

Les gamers ont eux aussi leurs plateformes spécialisées (Fortnite par exemple).

Si vous préférez utiliser le métaverse pour organiser des séances de télétravail,  ou des formations professionnelles, rendez-vous sur les workrooms de Méta Horizons (créés par Méta/Facebook) pour échanger avec des collègues et partager vos projets en 3D grâce à vos casques de VR. Idéal pour partager des plans d'architecte, des maquettes de produits avant de les mettre en production...

La fin des smartphones...

Certes, on est encore en phase de test. Et demain, UN métaverse unique viendra peut-être remplacer notre bon vieil internet et agréger toutes les plateformes qui pullulent actuellement. Selon certains experts, plus personne n’utilisera de clavier ni de smartphones en 2050. En attendant, si vous êtes journaliste ou communicant, c’est vraiment le moment de vous y intéresser, pour ne pas rater le coche…

Notes :

Vous trouverez en PJ à cet article, la présentation PowerPoint préparée par Isabelle Barnel pour cet atelier. Pour découvrir la galerie de NFTs dont il est question à la fin de la présentation, rendez-vous ici

Le replay (podcast) de ce RDV Numérique est ici (merci MediaLab Factory!)

(1) Sébastien Meunier est consultant Nouveaux Médias et Storytelling. Il est fondateur du cabinet de conseil MediaLabFactory pour accompagner entreprises et particuliers pour leurs projets multimédia. Il a récemment sorti un podcast, et le dernier épisode est sur le métaverse. Retrouvez le ici. Ne manquez pas non plus son prochain RDV numérique au Club sur la vidéo mobile, le 5 juillet 2022! (L'URL d'inscription est dans l'infolettre du Club. Et si vous n'êtes pas membre, écrivez à contact@clubpresse.com : il reste peut-être une ou deux places)

(2)  Isabelle Barnel est amie du Club depuis 2014. Conseil en Communication digitale & Relations Presse jusqu’en 2017 pour accompagner les marques dans leur Transformation numérique et l’optimisation de leur notoriété via une communication d’Influence, Isabelle est aujourd’hui Digital Manager Groupe pour le Groupe Altitude BMW MINI… et Instagrameuse. Vous avez pu la retrouver le 28 juin au Club lors d'un atelier découverte de TikTok. Retrouvez son blog ici !

(3) L’auteur américain Neil Stephenson utilise pour la première fois le mot «metaverse» dans le film SnowCrash (1992). En France, Canal+ a créé "Deuxième Monde" en 1997 avec des clubs de marques, etc. mais l'expérience pionnière s'est arrêtée en 2001. C'est en 2003 qu'est apparu l'univers "Second Life", tombé dans l'oubli depuis. Quant à Facebook, il s’est renommé «Méta» fin 2021, car son fondateur est persuadé que le métaverse remplacera bientôt les réseaux sociaux

(4) Les NFTs (Non Fungible Tokens) sont des certificats de propriété traçables et infalsifiables qui permettent d’être propriétaire (d’objets, d'oeuvres d'art, etc.) dans le métaverse

(5) La blockchain est une base de données virtuelle basée sur la confiance et la traçabilité des utilisateurs, qui est immuable et infalsifiable

(6) La vidéo diffusée par Carrefour sur Youtube est ici