Talents d'adhérents : il présente la première App dédiée à l'EMI

Nouvel adhérent, Valérian Pêpe a rejoint le Club pour partager sa passion pour l'éducation aux médias et à l'information (EMI). L’entreprise qu’il a cofondée en 2018, be my media, était l’un des 40 exposants du "Salon des Médias Lyonnais" que le Club a organisé le 2 mars 2023 à Lyon, et sera aux Assises de l’EMI le 6 juillet 2023. L

Il présente ses principales ressources pédagogiques dédiées à l’EMI : son App et son serious game, la Fresque de l'Information. En 4 ans, sa structure a déjà accompagné 20 000 personnes dans toute la France…

• Qui êtes vous, en quelques mots ?

Je suis Valérian Pêpe, l’un des deux cofondateurs de be.my media, première entreprise “ed tech” de l’éducation aux médias et à l’information, qui s’est donné pour mission de participer au développement d’une pratique éclairée de l’information.

• Comment est née cette idée d’accompagner les personnes vers une pratique de l’information plus éclairée ?

Il y a plus de 4 ans, face aux mutations du monde de l’information, à l’avènement du numérique et aux bouleversements qu’il a entraîné dans les pratiques de l’information, nous avons fait le constat suivant : alors que l’information n’a jamais été aussi accessible, s’informer n’a jamais été aussi complexe. Nous remarquions aussi que ces profonds changements dans nos façons de nous informer, chez les plus jeunes d’entre nous notamment, étaient loin de laisser la qualité de notre information sans conséquences. Cela s’illustrait, et s’illustre toujours, avec par exemple l’utilisation des réseaux sociaux comme première porte d’entrée vers l’information, malgré tous les biais algorithmiques, informationnels et cognitifs qu’ils véhiculent.

• Pour situer cela plus concrètement, quelle est l’ampleur aujourd’hui de ce phénomène?

Ce phénomène constitue une mutation majeure de notre société et nous concerne toutes et tous. À titre d’exemple, une récente étude de NewsGuard a établi que près de 20% des contenus de Tiktok contiennent des allégations fausses ou trompeuses, alors qu’ils s’agit désormais de la plateforme la plus visitée au niveau mondial, devant Google, et que ses utilisateurs l’utilisent en moyenne 90 minutes chaque jour ! Plus largement, cela conduit à nourrir un épais brouillard sur le fonctionnement de la sphère de l’information. La multiplication des sources et leur accès facilité au marché de l’information, au même niveau que les sources les plus fiables, nourrissent une problématique majeure, insidieuse et difficile à combattre : la désinformation, avec ce qu’elle porte de dangers pour notre société.

• Et face à ce constat, pourquoi cette volonté de travailler en priorité auprès du publics jeunes ?

Le fort développement de la désinformation, de manière quasi simultanée avec le développement d’internet et des nouvelles technologies, représente un risque majeur pour notre capacité à faire société, comme cela a pu être illustré récemment à l’occasion de la crise sanitaire, des vagues d’attentats, ou encore des épisodes de réchauffement climatique. Surtout, les enquêtes les plus récentes décrivent une perméabilité forte à la désinformation des plus jeunes générations, à travers notamment l’importante diffusion de certaines rhétoriques conspirationnistes. C’est à partir de cet état de fait que nous avons forgé notre volonté d’accompagner les publics les plus jeunes avec une boussole qui puisse les accompagner et les aiguiller, à travers ce « chaos informationnel », vers une pratique responsable et émancipatrice de l’information. Plus simplement, il nous paraissait simplement essentiel de nous adresser aux citoyens et aux professionnels de demain !

• A la suite de ce constat vous avez donc mis en place une solution numérique…

Effectivement, avec l’application que nous proposons, nous nous appuyons sur une pédagogie du faire et du temps long afin de favoriser l’ancrage d’une pratique des médias qui soit libre, plurielle et éclairée. Nous avons placé au centre de notre démarche une pratique régulière de l’information via notre application et ses 500 sources diverses réparties en 60 fils d’actualité thématiques. En parallèle, nous encourageons chaque personne que nous accompagnons à mettre en place dans sa routine informationnelle des réflexes basiques, mais ô combien importants (croiser les sources, confronter les points de vue, etc.), via un parcours pédagogique dédié directement intégré dans l’application.

• Vous avez aussi lancé un serious game...

Afin de sensibiliser et de rendre d’autant plus efficace le déploiement de l’application, nous avons fait le choix de compléter notre solution numérique par des ateliers de lancement, prenant notamment la forme d’un serious game. Ainsi, en intervenant directement auprès des élèves et des étudiants pour déclencher la prise de conscience de l’importance des enjeux autour d’une pratique éclairée de l’information, nous insistons donc sur l’aspect concret de notre démarche. À l’occasion de cette intervention, pouvant prendre la forme de conférences ou de l’organisation de la Fresque de l’Information, fruit de notre travail d’innovation pédagogique, nous privilégions, en plus de l’aspect humain, le développement du lien social et du travail d’équipe, grâce à ce serious game appelant à l’intelligence collective de toutes et tous.

• Et aujourd’hui, 4 ans après le lancement, quels sont les retours et les effets mesurés ?

4 ans après la création de be. my media, 20 000 personnes ont été accompagnées dans une pratique plus éclairée de l’information et les retours sont très positifs ! Nous accompagnons aujourd’hui des structures et des publics très divers grâce aux différentes briques de notre galaxie pédagogique. Qu’il s’agisse de lycées, d’établissements d’enseignement supérieur, d’associations ou encore de demandeurs d’emploi, tous ces publics font preuve d’un réel engouement pour notre démarche et les effets de la pratique de l’information ainsi que du parcours pédagogique de l’application sont plus qu’encourageants.

Parmi ces effets, on note notamment une impressionnante hausse du nombre moyen d’articles lus par utilisateur, qui culmine aujourd’hui à près de 20 articles lus par semaine sur l’application. La hausse de ce nombre d'articles lus témoigne de l’ancrage dans le temps de nouvelles pratiques informationnelles chez les personnes que nous accompagnons, ainsi que d’une plus grande pluralité dans leur manière de s’informer. Plus largement, les retours extrêmement positifs que nous recevons, de la part des communautés enseignantes comme de la part des apprenants, nous confortent aujourd’hui dans notre démarche.

• Pouvez-vous nous partager quelques projets 2023 pour be.my media ?

Un projet que nous menons en ce moment concerne notre statut d’entreprise à mission. En effet, dans le souci de pouvoir améliorer autant que possible notre démarche, nous mettons en place un processus d’évaluation qualitatif et quantitatif de notre action, et plus largement de mesure de notre impact. Ce projet, ponctué par la tenue de la première réunion de notre comité à mission au début de l’été, devrait constituer un point fort dans l’année 2023 de be my media.

Autre projet : nous nous sommes associés au laboratoire en sciences de l’information et de la communication de l’Université de Lyon ELICO, afin de mener un programme de recherche visant le développement de nouvelles solutions d’éducation aux médias et à l’information pour des publics en situation de fragilité face à l’emploi. Notre ambition est de renforcer leur employabilité ainsi que leurs compétences informationnelles et transversales liées, telles que la littératie numérique, la curiosité et l’esprit critique.

Enfin, il nous tient particulièrement à cœur de nous impliquer dans les démarches entreprises par nos partenaires, alliés essentiels dans notre lutte face à la désinformation. C’est en ce sens que nous serons présents le jeudi 2 mars prochain au Salon des Médias et Journalistes Lyonnais, aux côtés du Club de la Presse de Lyon, dont nous avons le plaisir d’être adhérent depuis le début de l’année !