2e Assises de l'EMI : l'événement prend de la force

“C’est une bonne date, il faut la garder”, remarque Raphaël Ruffier-Fossoul en ouvrant les débats. Début juillet, les profs ne sont pas encore en vacances et les professionnels sont encore sur la brèche. C'est peut-être ce qui explique l’affluence à ces deuxièmes assises de l'éducation aux médias, le 6 juillet 2023 au matin, dans les locaux de la SACVL.

Quelque 80 personnes se sont retrouvées, soit deux fois plus que pour la première édition: des journalistes, des institutionnels, des chercheurs, des intervenants en éducation des médias. Deux tables rondes se succèdent.

La première fait le point sur les pratiques en matière d'éducation aux médias, qu'il s’agisse de consommer de l'information ou “d’apprendre à faire des médias”. Mathilde Larrieu explique que l'ENSSIB a lancé un website dédié à l’EMI : https://emi.enssib.fr/, avec des jeux pédagogiques, un guide panoramique des intervenants et des journées pédagogiques.

Valérian PÊPE présente l'application be.my media qui développe des ressources pédagogiques et des serious games pour améliorer ses compétences informationnelles. L’e-learning permet d’évaluer sa progression en temps réel. Ces solutions s'adressent aussi bien à l’enseignement supérieur qu’à des publics en situation de fragilité comme ceux des écoles de la deuxième chance.

EMI : quelles attentes ?

Iris Iriu explique que le CLEMI s’adresse aux élèves de tous niveaux, que beaucoup d’enseignants montent des projets dans ce domaine mais que souvent ils ne connaissent pas bien le monde des médias, d’où l’importance de partenariats.

Simon Gadras, pour le laboratoire ELICO parle des recherches faites sur les pratiques d’information des jeunes, notamment des étudiants. Contrairement à une idée reçue, tous fréquentent l'information et les médias, mais de manière parfois inattendue.

Michael Karafilakis a lancé un projet participatif nommé la revue DEMOS. Elle compte aujourd’hui 500 000 abonnés pour 500 contributeurs. L’objectif est de former ces participants pour qu'ils acquièrent une pratique de la production d’information.

Cécile Rode raconte que les centres sociaux de Rillieux ont un département dédié au numérique. Il permet d’apprendre à produire de l’information en liaison avec le quotidien.

Enfin la LICRA précise qu’elle ne produit pas d’activité spécifique liée à l'information mais qu’elle est très concernée par le développement de la haine, du racisme et de l’antisémitisme à travers les réseaux sociaux.

EMI : quelles formations, quels financements?

La deuxième table ronde s'intéresse à ce challenge : comment monter en gamme ? Qu’est-ce qui peut permettre de développer davantage de projets en EMI ?

La Maison des Européens, qui partage les locaux du Club de la Presse, parle de financement possible par l’Europe à condition d’impliquer au moins trois pays de l’Union. Elle rappelle aussi le concours Europorters qui prime le meilleur projet de reportage monté par des scolaires. Les institutions européennes semblent particulièrement sensibles à cette problématique à l’approche des élections parlementaires de 2024, pour lesquelles elles craignent des manœuvres de désinformation liées à la guerre en Ukraine.

Iris Iriu du CLEMI informe que le Pass Culture permet de financer des projets à condition d'entrer dans les normes de l’Education Nationale : connaître / rencontrer / produire. Elle souligne que les établissements scolaires sont très mobilisés par la semaine de la presse.

Marie Picot, de l’ONG ERIM, évoque des projets à l'international centrés sur les droits de l'homme, la lutte contre les fake news, contre les préjugés et les discriminations. Il y a des pistes possibles autour d’Erasmus.

Enfin Michèle Heitz, de l’organisme de formation AFDAS, dédié aux métiers de la culture, de la communication et des médias, indique qu’il existe une formation qualifiante (voir article) permettant de se faire labelliser comme intervenant en EMI et qu’elle peut être financée par les entreprises de presse ou par les fonds de formation.

Les actions du Club en EMI

- Formation d’intervenants (avec ERIM)

Retours d’expériences, constitution d’outils pédagogiques, approfondissement de thématiques très demandées comme : les réseaux sociaux, les fake news…

Prochaine session à la rentrée

- Formations de professionnels.

Exemple :

4 interventions de 2 heures auprès des cadres et militants de la LICRA, sur la liberté d’expression, le droit de la presse, la fabrique de l’information, de l’image…

- Présentations métiers de l’information auprès de publics divers (2h)

Exemples :

Le Lycée la Martinière Duchère, présentation du métier de journaliste.

Maison de retraite dans le Beaujolais (Stéphanie Borg)

- Construction de projets média

Exemples :

iHope

Résidence radio Vaulx-en-Velin

Ateliers radio Villeurbanne

EMI : et maintenant ? Quelles suites donner ?

Pour conclure cette matinée riche en informations, un “buffet de réseautage” a, comme son nom l’indique, permis à tous les participants de continuer à échanger leurs expériences, d’inventer de futures synergies entre acteurs et structures, de penser de futurs projets…

Les 2e Assises de l’EMI ont été parrainées par la Métropole de Lyon et la Ville de Lyon. Comme l’an passé, la SACVL a accueilli l’événement dans une superbe salle au 6e étage de son siège (quai Fulchiron, 69005). La société Cortex a tenu un stand pour faire connaître son offre aux publics en situation de handicap. Et Natacha Colin, torréfactrice artisanale basée à Miribel (circuit court, “Saveurs de l’Ain”) nous a fait découvrir ses cafés de spécialité Crack Cafés.

Le Club remercie chaleureusement ses parrains et ses partenaires techniques.

Cette interview a été réalisée par Pierre Gandonnière, journaliste membre du Club, qui est actuellement ouvert à de nouvelles coopérations éditoriales.

Photo de couverture par Tim Douet.