Talents d'adhérent : elle prépare les 80 ans de la Maison d'Izieu
Lyon, le 13 janvier 2023 - Portrait d’une communicante adhérente : Séverine Fraysse, 34 ans, responsable de la communication de la Maison d’Izieu depuis 4 ans. Séverine a rejoint notre Club en 2021 pour enrichir ses interactions avec les médias grand-lyonnais. Sa mission : faire rayonner ce lieu de mémoire unique situé à 90 km de Lyon. En préparation : un double anniversaire en 2023.
NB : n'oubliez pas la navette gratuite Lyon-Izieu mise en place le 27 janvier pour tous les journalistes (et étudiants en journalisme) ! C'est une coopération entre la Maison d'Izieu et le Club. Pour vous inscrire écrivez directement à sfraysse@memorializieu.eu
Peux-tu nous résumer ton parcours professionnel ?
Attirée depuis mon plus jeune âge par les projets en direction de la jeunesse, mon parcours professionnel m’a amené à m’investir dans plusieurs associations portant des valeurs d’éducation dans le milieu culturel. Aimant valoriser des projets porteurs de sens et sensible aux questions de racisme et d’antisémitisme, j’ai eu l’opportunité de rejoindre la Maison d’Izieu en 2018.
Une passion, un hobby ? Une actu personnelle ?
Aimant la richesse du patrimoine culturel et naturel, m’engager dans des causes qui peuvent faire avancer notre société. Je suis toujours étonnée de voir que quatre année après, j’apprends continuellement sur l’histoire des enfants et adultes de la Colonie d’Izieu et sur la mémoire plus contemporaine depuis la création du musée-mémorial en 1994.
Pourquoi as-tu rejoint le Club de la presse de Lyon ?
Rejoindre le Club me paraissait essentiel pour être davantage en connexion avec les médias de la région lyonnaise avec qui j’ai plaisir à travailler régulièrement.
La Maison d’Izieu est un haut-lieu historique (lire notre encadré), chargé de mémoire. Il a une âme, une portée universelle. Ce n’est pas un sujet de communication corporate ou institutionnel comme les autres. Comment cela se traduit-il dans ton quotidien de communicante?
En effet, il faut rappeler que le lieu est porté par une association créée en 1988 autour de l’ancienne directrice de la colonie Sabine Zlatin et de l’ancien sous-préfet de Belley Pierre-Marcel Wiltzer. Le procès de K. Barbie à Lyon en 1987 est un point clé dans la reconnaissance de la mémoire de la Shoah à l’époque pour en faire quelques années plus tard, un lieu de mémoire et d’éducation majeur de notre région.
Il n’est pas toujours simple de communiquer sur le lieu et de faire rayonner l’ensemble de ses actions en regard de l’histoire qu’il porte. Il y a à la fois une communication institutionnelle et une communication plus large auprès du grand public qui a besoin de rassurer sur ce que l’on va rencontrer lors de notre visite. Par rapport à d’autres lieux de mémoire de la Shoah, la Maison d’Izieu a la chance d’avoir été un lieu de vie, un refuge pour des adultes et enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour bien comprendre son histoire et le contexte de l’époque, rien ne peut à mon sens remplacer la visite de la Maison d’Izieu. Il s’agit d’une véritable expérience sensible qui entraine de nombreuses questions et réflexions pour le présent et l’avenir.
Quels sont vos publics principaux? Les cibles que vous aimeriez toucher?
La Maison d’Izieu a accueilli en 2022 près de 34 000 visiteurs et espère d’ici 2026 franchir les 50 000 visiteurs. Sa situation géographique à proximité des grandes villes de la région en fait une force et nous avons à cœur de rendre encore davantage ce lieu visible auprès des touristes en vacances dans notre région.
Peux-tu nous partager une anecdote qui t’a marquée à Izieu ?
Chaque année, nous vivons des moments importants. Je retiendrai deux moments :
- En juin 2020, la découverte de nouvelles archives sur la première journée du souvenir du 7 avril 1946 a marqué un tournant important sur la construction de la mémoire et l’on a ainsi mesurer à quel point la mobilisation fut importante. Une application numérique va d’ailleurs prochainement intégrer le musée pour raconter l’événement.
- En 2022, la classe de 18 élèves d’UPE2A du collège Aimé Césaire de Vaulx-en-Velin a participé à l’enregistrement des bandes dessinées par les enfants de la Colonie d’Izieu en 1943. Un incroyable moment où l’équipe de tournage, les jeunes et quelques personnes de l’équipe ont découvert la première version du film d’animation « La lanterne magique des enfants d’Izieu » dans la maison transformée exceptionnellement en studio d’enregistrement.
Comment s’organise l’Association de la Maison d’Izieu en termes de communication et RP? Quelles sont tes principales actions presse ? Tes défis à relever auprès des médias?
Je travaille au sein d’une équipe de 16 personnes, dirigée par Dominique Vidaud. Je m’occupe de mettre en œuvre l’ensemble de la communication du musée-mémorial tant auprès des visiteurs que des partenaires et médias.
En quatre années, le déploiement des actions de communication m’a permis d’accueillir un jeune en alternance pour m’assister sur le suivi de la communication numérique (site internet, réseaux sociaux…). Je m’occupe de la conception des documents de communication (brochures, flyers, dépliants touristique…) et coordonne la retransmission des événements. Je déploie également la communication auprès des professionnels du tourisme, des partenaires et des collectivités. Je suis également en charge des relations presse en région et nous travaillons depuis l’an dernier à la valorisation de notre exposition phare de documents originaux avec l’agence Alambret communication au niveau national.
Au-delà des visites guidées de la maison qui sont organisées tout au long de l’année et d’une vingtaine d’ateliers thématiques sur les discriminations, la construction de la mémoire, le parcours des enfants réfugiés… quotidiennement proposés aux groupes en visite, nous souhaitons pleinement valoriser les ressources documentaires que propose le musée et organiser des rencontres culturelles et scientifiques qui permettent de créer des passerelles avec d’autres domaines et d’animer le territoire.
Quel est le «double» anniversaire que vous préparez?
En 2023, nous fêtons à la fois les 80 ans de l’ouverture de la Colonie d’Izieu, mais aussi les 30 ans du décret présidentiel qui a permis de faire de la Maison d’Izieu l’un des trois lieux porteurs de la mémoire nationale en Auvergne-Rhône-Alpes avec le camp de Gurs et le Vélodrome d’Hiver. Cet anniversaire sera l’occasion de rendre hommage aux 44 enfants et aux 7 adultes de la Colonie mais également à toutes les personnes qui se sont engagées pour leur mémoire.
Il s’agit d’un coup de projecteur qui nous l’espérons permettra d’accueillir de nouveaux visiteurs.
Peux-tu nous expliquer, concrètement, la différence?
Après le procès de Klaus Barbie, l’émotion était palpable dans la société sur la question de la Shoah et de nombreux témoins ont pris la parole à ce moment-là.
Aujourd’hui, les témoins disparaissent et il est d’autant plus nécessaire d’avoir des lieux qui rassemblent les mémoires. Pour nous, il n’est plus nécessaire de parler de « devoir de mémoire », ce n’est pas un devoir mais plutôt un travail à mener quotidiennement par l’éducation de tous les publics pour que la mémoire de ce qui s’est passé hier nourrisse la société d’aujourd’hui. Ce n’est pas un lieu du passé mais bien un lieu tourné vers le présent et l’avenir. Il se veut un lieu ressource où chaque visiteur est accompagné pour réfléchir aux processus et comportements qui conduisent au racisme et à l’antisémitisme.
Que proposerez-vous aux journalistes en 2023?
En 2023, nous souhaitons que les journalistes prennent le temps de découvrir ou redécouvrir l’histoire du lieu avec les données actualisées par 30 ans de recherche et de documentation sur l’histoire, la justice pénale internationale, la mémoire et ce que l’on sait aujourd’hui des faits scientifiques qui ne confirment nullement l’hypothèse d’une dénonciation de la colonie en 1944.
Nous convions la presse lyonnaise à Izieu le 27 janvier et le 13 mars (lire encadré «programme 2023» ci-dessous) : nous mettrons un service de bus à la disposition des journalistes et des étudiants en journalisme. Il suffit de me contacter par courriel sfraysse@memorializieu.eu.
Encadré 1 : La tragédie d’Izieu
Du printemps 1943 au 6 avril 1944, plus d’une centaine d’enfants juifs ont été accueillis à la Colonie d’Izieu, pour échapper à la barbarie nazie. Le 6 avril 1944, les 44 enfants juifs et les 7 éducateurs encore présents furent arrêtés et déportés sur ordre de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon. Très rapidement, la tragédie d’Izieu, devient le symbole d’une mémoire de la Shoah. Dès 1946, une première cérémonie du souvenir rassembla plus de 3000 personnes dont plusieurs familles de victimes et Sabine Zlatin, l’ancienne directrice.
L’histoire des enfants de la Colonie d’Izieu est connue dans le monde entier grâce au procès de Nuremberg en 1945 et à celui de Barbie à Lyon en 1987, premier procès pour crime contre l’humanité en France grâce à l’action des époux Klarsfeld et à de nombreux témoins. En 1988, se constitue autour de Sabine Zlatin et de l’ancien sous-préfet de Belley (Pierre-Marcel Wiltzer) l’association du « Musée mémorial des enfants d’Izieu ». Devenu lieu de la mémoire nationale par décret présidentiel en 1993, le musée-mémorial a été inauguré en 1994 par François Mitterrand. Le 6 avril 2015, François Hollande a inauguré la nouvelle extension.
Encadré 2 : Le programme du double-anniversaire
Du 26 janvier au 23 juillet 2023 (à Paris) : expo exceptionnelle des originaux de lettres et dessins des enfants de la Colonie d’Izieu donnés à la BNF par Sabine Zlatin en 1993exposition exceptionnelle au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Paris) .
27 janvier (Journée internationale de la mémoire des crimes contre l’humanité) : inauguration de l’exposition « Maman, je ne veux pas la guerre!» (exposition croisée de dessins d’enfants polonais de 1946 et d’enfants ukrainiens de 2022.
13 mars : rencontre avec Simon Pintel, fils de Samuel Pintel, ancien enfant à la Colonie et vice-président de l’association de la Maison d’Izieu, et Dominique Vidaud (directeur de la Maison d’Izieu)
6 avril : anniversaire de la rafle du 6 avril 1944 à Brégnier-Cordon et Izieu :
> deux anciens enfants de la Colonie feront le déplacement : Diane Popowski-Fenster (82 ans) qui vit aujourd’hui au Canada et Samuel Pintel (86 ans) ;
> les historiens Pierre Nora, Henry Rousso et Anne Grynberg, les architectes et muséographes qui ont œuvré à la rénovation et à l’aménagement de la Maison pour en faire un lieu de mémoire unique de la Shoah seront eux aussi présents
> une nouvelle exposition temporaire d’originaux sera inaugurée sur « L’année 1943 à la Colonie. »
NB : n'oubliez pas la navette gratuite Lyon-Izieu mise en place le 27 janvier pour tous les journalistes (et étudiants en journalisme) ! C'est une coopération entre la Maison d'Izieu et le Club. Pour vous inscrire écrivez directement à sfraysse@memorializieu.eu
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